Revue 170 - La révolution digitale transforme l'information dans les transports
transforme l’information
dans les transports
par Jean-Claude Degand dans la revue TELECOM n° 170
La révolution digitale se poursuit plus que jamais. Après l’Internet et le téléphone mobile, ce sont les objets de la vie quotidienne, c’est notre cadre de vie qui ressortent transformés de cette troisième révolution industrielle. Rares sont les secteurs de notre économie à échapper à cette évolution.
Les transports de voyageurs ne font pas exception. Alors qu’ils semblent avoir atteint un certain plafond en terme de vitesse et de capacité, la société apprend à combiner le potentiel de chaque mode de transports dans un optimum global en construction, comme l’illustrent la nouvelle répartition de l’usage de la voirie, les nouveaux usages de la voiture comme le covoiturage et l’autopartage, ou encore le retour du vélo ou le toujours nécessaire développement des transports publics.
Tout laisse supposer que le numérique puisse être un outil puissant pour améliorer le vécu des transports en terme de qualité. L’effervescence qui a saisi ce secteur dans la dernière période le laisse espérer. Mais où en sommes-nous au fait aujourd’hui ?
La place du numérique dans les transports est déjà réelle, comme l’illustrent la distribution ferroviaire ou aérienne sur internet, les systèmes de gestion de flotte des réseaux urbains (les SAEIV), les systèmes de contrôle-commandes des trains (ERTMS), ou encore l’affichage électronique dans les gares. Mais soyons lucides, c’est d’abord la fiabilisation de l’exploitation et la diminution des coûts d’exploitation qui ont été à l’origine de ces évolutions, et les améliorations de l’information au voyageur ont jusqu’ici été un sous-produit de ces motivations premières.
Aujourd’hui, une nouvelle étape de la digitalisation des systèmes de transports de voyageurs se dessine, marquée par l’explosion de l’information aux voyageurs ; celle-ci devient une sphère autonome fourmillant de nombreux services potentiels nouveaux.
A l’origine de ce phénomène, plusieurs facteurs nouveaux ou en voie de réalisation doivent être mis en exergue :
- La puissance des réseaux de communication et la dissémination des outils communicants,
- La puissance de calcul logicielle avec des requêtes toujours plus complexes et dont les résultats sont toujours plus rapides,
- L’open data et le big data permettent de travailler sur des périmètres de données de plus en plus large, avec l’oeil des spécialistes de l’information, sans être subordonné aux impératifs d’exploitation des réseaux,
- L’amélioration continue des supports d’information, écrans plats, écrans interactifs, supports mobiles de plus en plus ergonomiques, était une condition nécessaire aujourd’hui remplie.
A bord des véhicules

Dans les véhicules des transports publics, trains, métros, tramways, autobus, la combinaison de la géolocalisation, de l’information en temps réel, de la cartographie digitale permet d’imaginer des contenus de navigation, lesquels vont accompagner le voyageur à chaque instant, répondre à toutes ses interrogations sur le parcours, les correspondances, et les environnements urbains traversés.
Ces contenus collectifs offriront des ponts vers une information plus individualisée sur le téléphone mobile. Ils traiteront notamment de manière enfin convaincante l’information en situation perturbée.
Les réalisations pilotes de Clermont-Ferrand ou de Strasbourg montrent à quel point ces innovations techniques changeront l’atmosphère à bord des véhicules et contribueront à diminuer le stress latent si présent dans les transports.
L'information embarquée dans les BHNS de Clermont Ferrand
Dans les gares et aux points d’arrêt
Aux points d’arrêts et dans les gares, la numérisation de l’information permettra là aussi d’aller beaucoup plus loin dans le service rendu aux voyageurs, bien au-delà de l’annonce des prochains départs.
Des espaces d’information individualisés commencent à voir le jour dans les gares, les pôles d’échanges et les parkings. Des tables interactives concentrant toute l’information utile dans le lieu concerné apparaissent comme le montrent l’expérimentation en cours de la SNCF à la gare Montparnasse, ou encore les espaces d’information conçus par Vinci pour ses parcs de stationnement.
Souvent lieu de passage rapide sans âme, les gares vont devenir des lieux numériques par excellence, relais de la chaîne globale de transports eux-mêmes transformés par le numérique
Table interactive expérimentée en gare Montparnasse
Espace d'information digitale dans les parkings exploités par Vinci Park
L’énergie solaire, facteur d’accélération
Avec près de 500.000 points d’arrêts pour les transports en France, la généralisation de l’information en temps réel aux points d’arrêts implique de disposer de solutions économiques, en investissement et en fonctionnement. C’est ce que permet de faire l’alimentation solaire, qui réduit de 40 % les coûts d’aménagement des équipements et diminue de 80 % les coûts de fonctionnement.
Avec ce niveau d’économie, l’équipement de tous les points d’arrêt en information temps réel devient une perspective possible à échéance relativement rapide, alors que les réseaux n’ont équipés jusqu’ici que les arrêts les plus fréquentés. Et le numérique se conjugue ici avec l’aménagement équitable des territoires et l’écologie.
Borne solaire RATP
Le rôle de moviken
Dans ces dernières évolutions, le rôle joué par Moviken, acteur innovant des TIC dans les transports et la mobilité durable, s’avère non négligeable, en liaison avec ses partenaires autorités organisatrices des transports, transporteurs ou constructeurs ferroviaires ou routiers.
Moviken apporte ici la vision et l’expérience d’un acteur « digital native » et d’un spécialiste des transports et prouve que les PME françaises peuvent être leaders dans le numérique, du moins le numérique lié aux transports, ce qui n’est pas mince quand on sait le rôle qu’ils jouent dans notre vie quotidienne.
En tous cas, l’heure de la révolution digitale dans les transports a bel et bien sonné, au plus grand bénéfice des voyageurs.
L'auteur
Jean-Claude Degand est PDG du Groupe Moviken qu’il a créé, qu’il développe et qu’il dirige depuis 2002. Moviken est un spécialiste des systèmes d’information pour les transports de voyageurs et pour la mobilité durable. Moviken déploie les technologies web, mobiles, embarquées ou au sol à même de rendre les transports plus faciles d’usage et plus efficaces et promeut de façon générale le développement de la mobilité durable en utilisant les potentialités des TIC. De 1998 à 2002, Jean-Claude Degand fut Directeur des Projets Périurbains de la SNCF et, à ce titre, a engagé les premiers projets de tram-train français. Précédemment, de 1985 à 1998, Jean-Claude Degand a créé, développé et dirigé Sceta Voyageurs, structure d’ingénierie et de services du Groupe SNCF . De 1981 à 1985, Jean-Claude Degand fut chargé de mission, puis chef de Bureau à la Direction des Transports Terrestres du Ministère des Transports. De 1979 à 1981, il mena à l’INRETS des travaux de recherche sur les politiques de stationnement. Jean-Claude Degand est Ingénieur de l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées.
299 vues Visites
J'aime

Commentaires0
Veuillez vous connecter pour lire ou ajouter un commentaire
Articles suggérés