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VOILIER VERS LES

ANTIPODES

Nicolas Remy (2002) a réalisé en couple un périple hors du commun. Il nous résume ici leur voyage autour de la Terre et nous propose de prolonger le rêve avec un premier merveilleux livre photo publié récemment.

Dans la revue TELECOM n° 189

Sept ans après avoir quitté la Bretagne et les côtes européennes, notre vaillante coureuse des mers, Fleur de Sel, nous y a ramené à bon port fin 2017. Nous bouclions ainsi un projet personnel majeur, une véritable tranche de vie inestimable, entamée presque dix ans auparavant. Et chaque jour nous avons mesuré la chance que nous avions de pouvoir vivre cette expérience enrichissante et unique.

Un galop d’essai vers l’Europe du Nord

La décision est prise en 2007, le bateau est acheté en 2008 peu avant notre mariage. Les premiers essais ont lieu cette année-là, en faisant cap sur l’Ecosse pour notre voyage de noces. Nous validons la suite du projet cet hiver-là, et nous franchissons certaines étapes cruciales au printemps 2009 : rendre notre appartement et surtout démissionner de nos jobs respectifs. Dès lors, nous devenons des gens du voyage, des SDF (sur domicile flottant), et nous mettons le cap vers la Norvège et les Iles Lofoten, avant de revenir en France via les Iles Féroé et l’Irlande.

Nous avons rempli le contrat : « Tester le bateau, tester l’équipage ». Nous pouvons donc nous élancer pour la grande boucle et accomplir mon rêve d’adolescent. Ou presque, car nous passons d’abord l’hiver dans notre base bretonne de La Trinité-sur-Mer, à réaliser nous-même un gros chantier de deux mille heures en cinq mois. L’objectif est de préparer et d’équiper convenablement notre monture en fonction de l’expérience acquise.

En route pour la Nouvelle-Zélande, via la Patagonie et la Polynésie

Début mars 2010, Fleur de Sel est finalement prête à voguer, et nous à larguer les amarres. Notre route, cette année-là, nous verra traverser l’Atlantique « en diagonale ». Après la péninsule ibérique, nous abordons les archipels des Canaries et du Cap-Vert avant de rallier le Brésil. Poursuivant le long du continent sud-américain, nous atteignons le Rio de la Plata et, enfin, la Patagonie. Dans cet extrême sud de l’Amérique, nous avons découvert une nature majestueuse et (quasiment) inviolée. Et malgré le challenge certain posé par les conditions climatiques, cela reste l’une des plus belles destinations du voyage.

Un nouvel océan s’ouvrait ensuite à nous, et il fallait commencer par le traverser sur des milliers de milles – avec de rares tentatives d’escales, fructueuse à l’Ile de Pâques (Rapa Nui), avortée à Pitcairn – pour atteindre la Polynésie Française. Le Fenua aux cinq archipels nous a enchantés, Fleur de Sel sillonnant ses lagons pendant neuf mois, avant de poursuivre vers le soleil couchant. Les archipels océaniens s’enchaînent alors – les Cook, les Samoa, les Tonga – alors que nous remontons les routes de migration des Polynésiens d’antan, avant d’atteindre le plus grand lagon du monde en Nouvelle-Calédonie.

Comme le font nombre d’oiseaux du large, nous avons ensuite migré vers la Nouvelle-Zélande, pour échapper à la période cyclonique. Fidèles à nous-mêmes – et peut-être aussi enivrés par la proximité des hautes latitudes – nous ne nous sommes pas cantonnés au nord subtropical : poussant jusqu’à Stewart Island et jusqu’au Fiordland, nous avons retrouvé le Grand Sud, sa nature grandiose et son rude climat.

La première moitié de ce tour du monde s’achevait alors mi-2013 en revenant sur le « Caillou » calédonien pour y exercer des activités professionnelles. Et ce n’est que deux ans plus tard, mi-2015, que nous reprenons ce projet inachevé.

Retour tambour battant via l’Australie, l’Afrique du Sud et l’Amérique du Nord

Après un séjour au Vanuatu, nous reprenons la route des latitudes tempérées avec un contournement inhabituel de l’Australie : par sa côte sud, puis ouest. S’ensuit une visite de l’Indonésie voisine et néanmoins radicalement différente. Puis ce sont encore des milliers de milles d’océan (Indien cette fois-ci), qui nous attendent. Les traversées seront mouvementées et éprouvantes, et les escales rares mais passionnantes (Iles Cocos, Rodrigues, Maurice et la Réunion).

Et puis, après des explorations sud-africaines et une fois doublé Bonne-Espérance, nous retrouvons les eaux familières de l’Atlantique, océan que nous allons cependant traverser encore deux fois avant de rallier notre port d’attache ! En effet, la meilleure route n’est pas la plus courte en distance. Portés par les vents et les courants, nous rallions ainsi les Antilles après de brèves escales à Sainte-Hélène, Ascension, au Brésil et en Guyane. Fleur de Sel retrouve alors l’hémisphère nord pour la première fois en sept ans !

A un rythme endiablé pour ne pas laisser passer la saison, nous passons nos derniers mois de navigation à effectuer une grande boucle de l’Atlantique Nord. En passant par les Bermudes, New-York, Boston et Halifax, nous rallions notre dernier archipel, les Açores. Et puis c’est l’arrivée en Bretagne, où nous retrouvons rivages et visages familiers. L’émotion nous submerge évidemment quelque peu, et nous sommes heureux d’être allés au bout du rêve, même s’il nous a mené en rond.

Et pourtant nous avons déjà les projets suivants en tête, des projets peut-être plus « normaux », mais jamais on ne nous fera croire que la transition vers une vie sédentaire est un retour à la « vraie vie ».

LE TOUR DU MONDE EN 80 ILES

Le livre

Dans ce premier recueil de photos, nous évoquons les îles visitées autour du monde pendant ce voyage. L’ouvrage retient une sélection de quatre-vingt d’entre elles, regroupées par océan, et repérées sur la carte de notre parcours.

Nous vous emmenons admirer la Nature dans tous ses états, de l’Arctique à la Patagonie, en passant par les nombreuses îles de Polynésie.

120 pages couleur, relié, format 23x23cm

ISBN 978-2956302605, imprimé en France, 35 €

Disponible sur notre boutique tdm80.eu ou sur Amazon

Bateaux Magazine : « Attention, confier ce livre n'est pas sans risque : il donne vraiment envie de larguer les amarres ! »

Collection

Avec les prochains volumes, nous prévoyons de vous faire découvrir des aspects plus citadins (Le tour du monde en 80 ports, à paraître cet été), plus nautiques (Le tour du monde en 80 mouillages, et en 80 phares), ou plus sauvages encore (Le tour du monde en 80 animaux).

Biographie de l'auteur

Nicolas Remy (2002) et son épouse Heidi ont parcouru à la voile près de 120’000 km entre 2008 et 2017. Lui navigue depuis toujours et rêvait d’horizons lointains. Elle parcourt le monde pour mieux comprendre les autres. C’est donc naturellement qu’ils ont embarqué pour ce tour du monde en bateau, projet déjà raconté au fil des deux cents articles parus sur leur journal de bord, et qu’ils souhaitent désormais partager en images.

Livre : tdm80.eunicolas@tdm80.eu

 : belle-isle.eu : @rtw.tdm80