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15 juin 2019

Revue TELECOM 193 - Les télécommiens et le futur un point de vue de l'intérieur

LES TELECOMMIENS ET LE FUTUR

un point de vue de l'intérieur

"Hello tout le monde !"

Voilà en quels termes j'invite souvent les télécommiens à me lire. Car en effet, les télécommiens peuvent me lire chaque semaine dans la Lettre Hebdomadaire - LH pour les intimes -, le journal étudiant de Télécom dont je suis le rédacteur en chef. Certains d'entre vous la connaissent peut-être déjà puisque la LH a plus de quinze ans...

Quand l'association des diplômés m'a proposé d'écrire un texte pour la Revue TELECOM, j'ai instinctivement répondu oui. "Oh, j'écris déjà un édito par semaine" m'étais-je alors dit, "Je peux bien le faire !". Seulement, il a ensuite fallu trouver un sujet - mais un sujet convenable, un sujet digne de la revue TELECOM. Alors, je cherche de-ci de-là, et finalement me vient cette idée très simple : autant parler aux alumni de ce qui a pu changer à Télécom depuis qu'ils ont quitté l'école.

En fait, c'est encore un sujet très large. On pourrait, par exemple, parler de l'introduction des quatorze filières de deuxième année, permettant à chaque élève de se construire un parcours à la carte, ou des multiples projets en première année : PACT, PACE, PAF... mais j'aimerais plutôt m'attarder sur ce qui me semble être une sorte d'esprit général de ma promotion, sans doute né d'un contexte économique et d'enjeux environnementaux inédits. Quelque chose qui ne dirige pas le quotidien, mais qui, je pense, l'imprègne néanmoins.


S'il y a bien une chose qui met tout le monde d'accord, c'est la suivante : nous polluons et il faut changer cela. Les rapports du GIEC nous le rappellent régulièrement, ainsi que de nombreux autres travaux scientifiques dont les résultats ne sont plus à mettre en doute. Il y a de façon générale une prise de conscience de ces enjeux - comme le montre la récente pétition "L'affaire du siècle" - qui est d'autant plus forte chez les jeunes. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'association télécommienne MAD (pour Make A Difference), dont l'esprit est proche de l'écologie. Il y a aussi des manifestations plus à la marge de cette prise de conscience, comme cette fameuse image accrochée à certains murs de Télécom :

Or, s'il y a bien une sphère qui est complètement désemparée face à la catastrophe climatique, c'est la sphère politique. Cela était très visible lors de la démission de Nicolas Hulot : les politiques publiques ne sont pas au point, ou ne sont même pas tout court. Car face à la mondialisation, comment mener une politique écologique sans s'accorder à l'avance avec l'ensemble des autres pays ? L'échec cuisant du socialisme réel nous a laissé le capitalisme comme seul horizon ; or il semble bien que sa forme actuelle ne soit pas apte à gérer ces nouvelles thématiques. On connaissait déjà le désintéressement des jeunes pour la politique (d'autant plus répandu dans les milieux dits scientifiques), autant dire que le désintéressement risque bien de se transformer en aversion au cours des années à venir.

Mais si ces deux points sont propices à l'établissement d'une culture générale du doute, il y a un troisième aspect que je pense particulier à ma génération. Contrairement aux deux premiers, qui étaient systémiques, ce troisième est plus individuel : il s'agit de la question du sens de la vie dans la disruption. Face au consumérisme qui vide de plus en plus les marchandises de leur substance, aux bullshit jobs et aux burn/bore-out, à l'intelligence artificielle dont on dit qu'elle automatisera à terme l'ensemble des métiers que l'on connait (y compris les plus intellectuels) : il peut être difficile de regarder l'avenir en face et d'avoir envie d'y plonger. Il ne s'agit pas ici de dénoncer telle ou telle chose comme mauvaise, mais plutôt d'affirmer l'inscription de certaines dans la dynamique plus générale dont on observe les effets.

Face à tout cela, un certain esprit décroissant souffle dans les esprits. Celui-ci a plusieurs prises : d'une part les low-tech, qui sont la promesse d'un monde liant écologie et technologie, d'autre part diverses initiatives locales qui peuvent s'apparenter à la recherche d'un lien social perdu, et parmi lesquelles on retrouve souvent l'idée d'un déménagement hors de la ville. D'une certaine façon, les start-up s'inscrivent aussi dans cet esprit dans la mesure où elles manifestent le refus de l'entreprise hiérarchique traditionnelle, et la recherche de l'épanouissement au travail - du moins dans l'imaginaire qui leur est associé.

Quand, à une conférence le midi à Télécom, un intervenant a déclaré ne pas s'intéresser aux applications des produits qu'il vendait, affirmant que seul le business comptait, un rire gêné a traversé la salle, suivi quelques heures après de protestations lors des discussions entre élèves. Manifestement, nous sommes un certain nombre à rester perplexes devant le futur qui semble nous être proposé. Mais finalement, la seule question importante est la suivante : Cela fera-t-il une différence ? 

L'ASSOCIATION MAKE A DIFFERENCE - MAD

Créé en 2017, ce club regroupe toute personne voulant redonner du sens au monde dans lequel nous vivons. MaD permet aux étudiants de s’engager pour l’écologie, l’égalité des sexes au sein d’un pôle féministe, mais également d’organiser des journées de sensibilisation au handicap, des formations de secourisme ou encore apporter chaque semaine des invendus au Télécommmiens. Ce club fait également partie du mouvement national Together for Earth, pour agir à grande échelle et rencontrer des étudiants partageant les mêmes valeurs.

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