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01 avril 2020

Un opérateur téléphonique, acteur de la transition écologique et énergétique : l'exemple d'Orange

Publié par Philippe Tuzzolino | N° 196 - Numérique et Environnement

Le numérique est présent dans tous les secteurs de l’activité humaine. L’accroissement des usages nous oblige à mettre sous contrôle une équation environnementale complexe. Mais a contrario, en transformant radicalement l’ancien monde industriel, il constitue aussi une partie de la solution en faveur de la transition énergétique et écologique.


Dans le cadre de son nouveau plan stratégique Engage 2025, Orange s’est donné des objectifs ambitieux : être Net-Zéro Carbone en 2040 et déployer dans tous ses processus des principes de l’Économie Circulaire. Le Groupe vise à se donner les moyens de respecter les recommandations du GIEC pour, à son niveau, contribuer à limiter la hausse des températures à 1,5° C et limiter l’épuisement des ressources naturelles. Le Groupe s’engage donc à réduire ses émissions de CO2 de 30 % en 2025, scope 1 et 2, par rapport à 2015 (et sera renforcé au premier semestre d’un objectif SBTi sur le scope 3) et à utiliser plus de 50 % d’électricité renouvelable en 2025. Ainsi, nous voulons minimiser les impacts environnementaux pour être exemplaire et aider nos clients à réduire les leurs. De plus, le groupe participe activement à la mise en place avec l’ITU/UIT  (l’Union Internationale des Télécommunications) d’une méthodologie pour situer le secteur par rapport aux recommandations du GIEC et être conforme à l’accord de Paris (Travaux ITU, GSMA, GeSi, SBTi et AIE).

Réduction de l’empreinte environnementale : un effort soutenu d’efficacité énergétique et de sobriété     

Une démarche systémique

Le Système de Management Environnemental du groupe a conduit à une certification ISO 14001 remarquable de 66,7 % de son activité Monde en 2017. Le Groupe a été noté A par le CDP et Orange France est certifié ISO 50001 pour l’ensemble de ses 30 000 sites techniques et de sa flotte de 15 000 véhicules, ce qui en fait l’une des premières entreprises françaises à obtenir cette certification à très grande échelle.          

Réduction des émissions de CO2        

Le groupe travaille à réduire sa consommation d’énergie dans tous ses secteurs d’activité :

  • Les réseaux et les SI (82,1 % de la consommation énergétique / 80,2 % des émissions de CO2). 

Nous déployons sur toutes nos géographies le programme Green ITN 2020 avec la mise en œuvre systématique de solutions techniques moins énergivores comme par exemple :   

- 90 000 machines virtuelles sur 130 000 serveurs au niveau Groupe pour 70 % d’économies d’énergie,

- en attendant l’ouverture en 2020 du futur data center de Mainvilliers (Eure-et-Loir), celui de Val-de-Reuil en Normandie, l’un des plus performants du secteur, permet une économie d’énergie équivalente à la consommation électrique annuelle d’une ville de 30 000 habitants,           

- 2 800 sites solaires pour alimenter les systèmes de téléphonie mobile en Afrique, permettant d’éviter chaque année l’émission de 80 000 tonnes de CO2.           

  • Les bâtiments tertiaires (11,7 % de la consommation énergétique / 12,7 % des émissions de CO2). Depuis décembre 2017, l’ensemble de notre processus immobilier est reconnu ISO 50001. Dans le cadre du concours Cube2020, l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment a décerné le prix du parc le plus performant, avec des économies de 14 % pour les immeubles inscrits au concours.

  • Les déplacements et les transports (6,2 % de la consommation énergétique / 7,1 % des émissions de CO2). Véhicules électriques, limitation des déplacements professionnels, promotion de modes de transports collaboratifs et solidaires ; Orange explore des solutions technologiques et humaines innovantes pour réduire ses émissions. Ainsi :           

- avec près de 2 550 véhicules, le groupe possède la 1ère flotte en auto-partage d’Europe et           

- un objectif de 7000 véhicules électrifiés en 2025.           

Fin 2018, le groupe a atteint son objectif 2020 en réduisant de 56,59% les émissions de CO2 par usage-client. L’empreinte carbone globale, scopes 1 et 2, a diminué de 3,5 % (1,37 M T CO2 fin 2018 vs 1,42 M T CO2 fin 2016).

Les objectifs 2025 de réduction des émissions nécessitent un fort déploiement des énergies renouvelables.            

Dans la zone Afrique-Moyen-Orient avec le programme ESCO (Energy Services COmpany) et la création de fermes solaires – trois fermes solaires ont déjà été créées en Jordanie, elles couvrent 70% de la consommation électrique d’Orange en Jordanie et l’autosuffisance électrique grâce au solaire est visée dans ce pays. En Europe nous déployons des PPA : « Power Purchase Agreement » pour alimenter en énergie renouvelable notamment les sites techniques.

Intégration de l’économie circulaire dans l’organisation et dans les processus            

Suite à un Dialogue Parties Prenantes réalisé au niveau Groupe en 2017, un comité de pilotage stratégique de l’Économie Circulaire a été mis en place pour définir l’ensemble des actions à déployer au cœur des métiers. L’évolution progressive de nos modèles économiques et processus, en lien avec tout notre écosystème, couvre plusieurs chantiers : l’écoconception, la limitation des consommations en ressources critiques, la modularité et le réemploi des équipements, l’optimisation de la gestion des déchets et la possibilité de redonner une 2e vie aux déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE).         

Limitation de nos impacts sur les ressources naturelles           

Les équipements (réseaux, terminaux…) utilisent des matières critiques et des ressources limitées ou sensibles. Le recyclage et la valorisation des DEEE ainsi que le développement du principe de réutilisation constituent une obligation qui nous positionne en acteur important de l’économie circulaire :           

- 2,8 millions de téléphones mobiles usagés collectés en 2018 – 15 millions depuis 10 ans, 

- 49 533 tonnes de DEEE évacués en 2018 (démantèlement/recyclage) et valorisés à 83,3 %,   

- Mise en place au niveau Groupe d’une plateforme commune de type « stock market place » pour le réemploi des équipements réseaux usagés. Un suivi régulier est effectué pays par pays,           

- Orange est membre actif du CE100 de la Fondation Ellen MacArthur.           

L’innovation pour faire du numérique un levier de la transition énergétique et écologique :   IT for green        

Nous avons la conviction que le numérique fait partie de la solution et peut contribuer de façon positive à la transition écologique et énergétique. Nous proposons à nos clients des services et des solutions pour des alternatives durables et innovantes en matière de villes intelligentes (smart cities), de Machine To Machine (M2M, IoT), d’optimisation énergétique (smart grids), de réduction de leur empreinte carbone, de mobilité écoresponsable…           

Nous souhaitons par ailleurs accompagner nos clients pour aller vers de la sobriété numérique « Orange, coach environnemental pour des usages raisonnés ».           

Politique de soutien des programmes de recherche sur le changement climatique      

  • En montagne, avec le Centre de Recherche sur les Ecosystèmes d’Altitude (CREA) à Chamonix, pour l’acquisition et le traitement de données climatiques et relatives à l’évolution de la faune et de la flore. Un partenariat distingué lors de la COP23 par le prix « Momentum for Change » de l’ONU. 
             
  • Dans les océans, avec le programme océanographique européen Euro-Argo. Les navires câbliers d’Orange Marine participent au déploiement de balises renforçant le système d’observation globale du climat          


Il y a un débat sur l’augmentation des usages, de la quantité de data et du nombre des terminaux qui accroissent les consommations du Numérique et l’usage de matières premières et métaux rares. Sans nier cette croissance, certains observateurs oublient de déduire dans leurs prospectives les résultats des plans d’actions qui réduisent les consommations et les émissions car ils ne les connaissent pas ; tout n’est que à charge. Ils ne déduisent pas non plus les effets positifs actuels et à venir ; ce ne sont parfois des calculs pas très scientifiques. Il y a une transition du vieux monde industriel vers un monde numérique. Cette transition est récente. A titre d’exemple les premiers smartphones ne sont arrivés qu’en 2008 (contre deux siècles de productions pour le vieux monde industriel : le secteur du numérique représente 3,5 % des émissions de CO2 mondiale en 2015 – d’après source Malmodin & Lunden article scientifique de 2018 -  alors que l’industrie représente 43 % des émissions, les bâtiments 26 % et les transports 25 %) , il est normal que cette transition prenne du temps car dans un premier temps le numérique crée, car il y a substitution de modèle macro-économique,  de  nouveaux usages. Il faut savoir donner du temps au temps, cette croissance se stabilisera en son temps quand nous arriverons à un point d’équilibre de cette substitution économique. Le numérique a de plus fortement investit pour réduire les consommations et les émissions de CO2  par des innovations des plans d’actions et en ce sens il est exemplaire. Si on prend le cas de Orange, l’augmentation des consommations a été largement maitrisée. Malgré une augmentation de plus de 100 millions de clients et des usages nous avons obtenu une baisse réelle des émissions de CO2, grâce aux plans de sobriété et à des innovations.


Philippe TUZZOLINO       

est le directeur environnement du Groupe Orange, en charge de l’environnement et de l’organisation du changement climatique. Il définit les politiques et surveille la consommation d’énergie et l’empreinte globale du Groupe (Orange est présent dans 164 pays pour le business). Comme responsable de l’empreinte carbone, il a participé à l’élaboration de méthodologies du secteur des TICs pour que le secteur soit conforme aux recommandations du GIEC en tant que membre du Groupe d’Étude UIT-T « Changement Climatique» et participe également aux COP. Il est membre du Comité pour les Matériaux Stratégiques de Bercy. Avant son entrée dans le Groupe Orange, Philippe TUZZOLINO a tenu plusieurs postes sur des projets d’innovations stratégiques à la direction Générale du Groupe La Poste et au Ministère de la Défense.


Glossaire

Lexique des certifications

GeSi : GLOBAL ENABLING SUSTAINABILITY INITIATIVE

In collaboration with members from major Information and Communication Technology (ICT) companies and organisations around the world, the Global Enabling Sustainability Initiative (GeSI) is a leading source of impartial information, resources and best practices for achieving integrated social and environmental sustainability through Digital technologies

SBTi : Science-based targets provide companies with a clearly defined pathway to future-proof growth by specifying how much and how quickly they need to reduce their greenhouse gas emissions.

The Paris agreement in 2015 saw 195 of the world’s governments commit to prevent dangerous climate change by limiting global warming to well below 2 degrees celsius. This signalled an acceleration in the transition to a low carbon economy. Many companies are already demonstrating they have the skills, expertise and ingenuity to make this a reality – but need ambitious emissions reduction targets that ensure the transformational action they take is aligned with current climate science.

Targets adopted by companies to reduce greenhouse gas (GHG) emissions are considered “science-based” if they are in line with what the latest climate science says is necessary to meet the goals of the Paris Agreement – to limit global warming to well-below 2°C above pre-industrial levels and pursue efforts to limit warming to 1.5°C.  

Watch this 2 minute animated infographic to learn what corporate science-based emissions targets are and why they matter in the global effort to prevent the worst consequences of climate change.

AIE : L’Agence internationale de l’énergie (AIE) (International Energy Agency en anglais, ou IEA) est une organisation internationale fondée à l’OCDE en 1974, basée à Paris.           

L’AIE est reconnue mondialement pour la publication de son rapport annuel, le World Energy Outlook (WEO), ainsi que ses rapports Energy Technology Perspectives et ses rapports sur les perspectives à moyen terme sur les marchés du pétrole, du gaz, du charbon, et plus récemment des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. 

En 2019, ses quatre grandes missions sont :            

1. Sécurité énergétique (par la promotion de la diversité, l’efficacité, la flexibilité et la fiabilité des carburants et sources d’énergie) ;           

2. Développement économique (par le soutien aux marchés libres, pour favoriser la croissance économique et éliminer la pauvreté énergétique) ;           

3. Sensibilisation à l’environnement (en analysant les options politiques permettant de compenser l’impact de la production et de la consommation d’énergie sur l’environnement, en particulier pour lutter contre le changement climatique et la pollution de l’air) ;           

4. Engagement mondial (en travaillant en étroite collaboration avec les pays partenaires, notamment les grandes économies émergentes, pour trouver des solutions aux préoccupations énergétiques et environnementaux communes.           

CDP : est une organisation internationale à but non lucratif, anciennement appelée « Carbon Disclosure Project » jusqu’à fin 2012. Elle détient la base de données mondiale la plus importante sur la performance environnementale des villes et des entreprises.

L’organisation CDP encourage les investisseurs, les entreprises et les villes à prendre des mesures afin de construire une économie réellement durable, en mesurant et comprenant leur impact sur l’environnement.            

Depuis 2003, elle effectue une campagne annuelle à l’aide d’un questionnaire pour recueillir des informations sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) des entreprises. En 2010 un module « Oil & Gas » a été ajouté. La même année, le CDP a étendu son champ d’action en proposant une enquête annuelle sur la gestion de l’eau « CDP Water » et, en 2013, une autre enquête à propos de l’impact sur les forêts « CDP Forests ».            

Jusqu’à 2016, la méthode d’évaluation de l’organisation CDP reposait sur le Climate Disclosure Score et le Climate Performance Band. Depuis, seul le Level of Engagement Score (A-D) est donné. Les entreprises sont alors évaluées sur la base de 4 critères : « Levels » :            

1. Leadership (A) : les « Best Practice » des entreprises ;     

2. Management (B) : la gestion environnementale ;           

3. Awareness (C) : les entreprises conscientes de l’influence des questions environnementales ;           

4. Disclosure (D) : l’entreprise fournit toutes les données requises et répond à toutes les questions du questionnaire.

L’organisation CDP regroupe 650 investisseurs avec 87 milliards de dollars d’actifs. Plus de 5 600 entreprises et 533 villes ont répondu à ce questionnaire sur les changements climatiques, l’eau, la forêt et la chaîne d’approvisionnement en 2017. Grâce à CDP, 71 états et régions dans le monde mesurent désormais leur impact sur l’environnement.        

Certification ISO 14001 :      

La norme ISO 14001 est une norme internationale traitant l’aspect environnemental du Développement durable. Elle fixe les principes d’un Système de Management Environnemental, incluant notamment la nécessité pour l’entreprise d’établir une politique environnementale visant à anticiper et limiter ses impacts.

La norme ISO 14001 s’applique à toute entreprise et collectivité, indépendamment de sa taille, son statut, son secteur d’activité, ses produits ou services.

Un bilan carbone réalisé après l’obtention du certificat ISO 14001 pourra poursuivre la démarche environnementale de l’entreprise, mesurer son empreinte carbone et permettre la mise en place d’une compensation carbone.           

Les principaux avantages de la certification ISO 14001 :           

La certification environnementale, outil de protection de l’environnement, d’amélioration et de maîtrise budgétaire.

• L’anticipation, la connaissance et la maîtrise des risques environnementaux.        

• Une consommation réduite d’énergie et de matières premières, grâce à une gestion plus efficace.

• Des gaspillages réduits et donc une meilleure maîtrise budgétaire.

• Des collaborateurs motivés par l’adhésion à un projet collectif.         

• Des clients encore plus confiants.     

• Une avance concurrentielle favorisant le développement de nouveaux marchés.

Certification ISO 50001 :

Publiée le 21 août 2018, la norme ISO 50001:2018 décrit les exigences pour un processus s’appuyant sur des données axé sur l’amélioration continue de la performance énergétique. Les organisations certifiées ont trois ans pour se mettre en conformité avec la version révisée.
Le changement le plus significatif réside dans l’introduction de la structure de haut niveau, l’annexe SL, qui assure la compatibilité avec d’autres normes relatives aux systèmes de management de l’énergie, à l’instar d’ISO 9001, ISO 14001 et ISO 45001, ce qui simplifie l’intégration.
La nouvelle version d’ISO 50001 exige des organisations qu’elles portent leur regard au-delà de leurs propres exigences en matière d’énergie et considèrent les exigences externes et les risques existants. Les risques et opportunités doivent être considérés comme faisant partie intégrante de l’orientation stratégique de haut niveau afin d’assurer l’intégration des principes de management de l’énergie dans la structure de l’organisation.

La norme ISO 50001:2018 se concentre davantage sur l’amélioration continue de la performance énergétique et sur l’implication plus forte du leadership et des employés. La norme révisée est également censée améliorer l’efficacité et réduire les coûts énergétiques, ce qui permettra aux organisations de réduire leur impact environnemental et de gagner en compétitivité.

 

 

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Auteur

Philippe Tuzzolino

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